Objectifs de l’observatoire paysage du Rhône genevois

Selon les recommandations de la convention européenne du paysage, l’Observatoire paysage du Rhône s’inscrit dans une approche informée par la médiation paysagère, mobilisant le paysage non pas comme un panorama naturel ou une ressource objective, mais comme milieu de vie partagé, commun à l’ensemble des acteurs et actrices territoriaux et du vivant et du partage des imaginaires (Sgard et Paradis, 2019 ; Chambelland et al. 2022). 

Une dimension sensible

Explorant des nouvelles formes de représentation du paysage pour témoigner de ses dimensions complexes, sensibles et politiques, cet observatoire a pour objectif d’être un outil de partage des lectures sensibles et qualitatives des espaces de vie du Rhône. Il s’agit de donner à lire les systèmes complexes du Rhône non pas en tant qu’observateur externe mais de points de vue enchevêtrés afin de rendre compte des interrelations et des interdépendances des milieux de vie partagés. La démarche est celle de porter attention aux multiples récits qui composent et transforment les paysages, de se mettre à l’écoute des voix intimes du Rhône. 

Résonnant avec les penseur·ses de l’écologie aujourd’hui, la crise écologique actuelle est appréhendée comme une crise de relations avec le monde vivant, et non restrictivement une crise climatique ou une crise d’extinction de la biodiversité. Comment rendre compte et cartographier les interrelations et les interdépendances intrinsèques aux milieux de vie et aux paysages du Rhône ?  

« Il faut ainsi noter que ce qu’il nous intime de créer, ce n’est pas de nouveaux mythes au sens ancien du mot, mais de nouvelles sciences sociales : de nouvelles descriptions et de nouvelles méthodes pour les produire, avec des grammaires conceptuelles différentes, mais toujours avec une attention classique aux finesses empiriques. Des sciences plus intelligentes, plus engagées, et plus sensibles ; libérées des séparations entre sciences sociales et sciences naturelles, incorporant les logiques d’économie écologique critique, les dimensions relationnelles entre humains et non-humains, dans des analyses d’histoire, d’écologie, de sociologie, de climat et d’anthropologie. Le temps mythique appelle bien un pouvoir de raconter autrement les relations et les statuts, comme avant-garde exploratoire des grammaires possibles ».  
MORIZOT Baptiste (2023). L’inexploré. Editions Wildproject, p.73. 

Des cartographies et des représentations accessibles

Dans le projet Les Saisons du Rhône, l’Observatoire paysage du Rhône genevois est autant envisagé comme un outil de co-construction des bases d’une nouvelle forme de gouvernance qu’un livrable.  

Les collaborateur.rices structurent leur démarche scientifique à travers celui-ci, en proposant un panel de techniques (rencontres in situ d’acteurs variés, entretiens, questionnaires, veille, exploitation de données quantitatives, prises de sons, d’images, de vidéos, de time-laps, récits, scénarios, etc.). L’observatoire s’inscrit ainsi dans une démarche complexe, politique et sensible permettant d’observer et d’analyser le Rhône genevois sous différents angles (paysager, spatial et géographique, socio-économiques, etc.). Rassemblant des données qualitatives et quantitatives, les cartographies visent à interroger et développer, sans pour autant figer, les perceptions individuelles et les représentations collectives des multiples dimensions du Rhône comme monument vivant, traversé d’affects. 

In fine, l’observatoire aura pour objectif de rendre compte du paysage du Rhône genevois et des interactions du vivant qui s’y jouent.